Résumés du n° 73 (printemps - été 2017)

samedi 20 mai 2017
par  Danielle Delmaire
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Dossier

- Présentation du dossier par Danielle Delmaire

Le dossier sur la connaissance de la Shoah présente trois volets : des témoignages de déportés, des expériences d’enseignants (six en France et une en Allemagne) et des rapports de visite de lieux de mémoire (le Mémorial de la Shoah à Paris et Kazerne Dossin en Belgique). Il est quasiment impossible de résumer en quelques lignes un témoignage de déporté ainsi que l’échange entre les élèves d’une classe et leur enseignant. Aussi ai-je préféré résumer seulement la présentation du dossier.
Les témoins sont Haïm Vidal Sephiha et Charles Baron. Tous deux étaient encore adolescents lorsqu’ils furent déportés. Le premier survécut à une « marche de la mort » et le second à plusieurs transferts de camps en camps.
Les enseignants ou les établissements visités sont tous situés dans la région lilloise du nord de la France, sauf la contribution de l’enseignante allemande. Ils concernent tous les niveaux d’enseignement, des élèves bien intégrés dans le système scolaire et d’autres en difficulté. Les comptes rendus des enseignants ou les échanges avec les élèves m’ont permis de percevoir des points communs.
La connaissance de la Shoah peut s’acquérir autrement que par une leçon au cours d’histoire, des films ou des livres la complètent ; l’écoute d’un témoin est essentielle car elle livre une histoire incarnée bien plus vivante qu’un cours ; de même la connaissance de l’histoire locale rapproche les élèves des faits alors qu’une histoire globale les rend lointains ; tous les enseignants s’accordent pour être très attentif à la gestion des émotions des élèves lors de l’écoute d’un témoin ou de la visite d’un camp car une telle visite bouleverse toujours surtout si un témoin accompagne les visiteurs ; les enseignants s’accordent encore pour inciter à un travail interdisciplinaire, la solitude de l’enseignant sur un tel sujet est éprouvante. Car, dans certaines classes, il n’est pas toujours aisé de contrecarrer une hostilité à la connaissance de la Shoah, provenant d’une propagande antisémite voire négationniste. Enfin, le compte rendu de l’enseignante allemande met en relief la particularité de l’enseignement de la Shoah dans le « pays des coupables », où l’identité des élèves dépend de ce passé ; tout comme en Israël d’ailleurs, « pays des victimes ».
La connaissance de la Shoah n’apporte pas seulement un savoir mais elle éduque les élèves à devenir des citoyens respectueux des droits de l’Homme, de la démocratie et à se montrer critique envers toute idéologie totalitaire.

The dossier on our knowledge of the Holocaust is divided into three parts : testimonies of deportees, teaching experiences (six in France and one in Germany) and reports of visits to sites of remembrance (the Shoah Memorial in Paris and Kazerne Dossin in Belgium). It is almost impossible to summarize in a few lines the testimony of a deportee or the exchanges between the students of a class and their teacher. So I will only summarize the presentation of the dossier.
The witnesses are Haïm Vidal Sephiha and Charles Baron. Both were still teenagers when they were deported. The former survived a "death march" and the latter several camp transfers.
Except for the German teacher, all the teachers or institutions are from the Lille region of northern France. Though their accounts concern all educational levels and students from all walks of life, they show commonalities.
There are other ways of acquiring knowledge of the Holocaust besides history classes : films and books supplement them ; listening to a witness is essential because it delivers history in the flesh and makes history come alive ; knowledge of local history brings students closer to the facts, while a more global perspective makes them feel more remote.
All the teachers agree with the need for careful management of the students’ emotions when listening to a witness or visiting a camp because such experiences are always upsetting, especially when a visit is combined with a testimony. They also recommend interdisciplinary work, as teaching such a subject on one’s own can be harrowing, especially when, as in some classes, one has to deal with hostility to the knowledge of the Holocaust stemming from anti-Semitic and even negationist propaganda.
Finally, the German teacher’s account highlights the challenges of teaching about the Holocaust in this "country of the perpetrators", where the identity of the pupils is shaped by this past, just as it is in Israel, the "country of the victims".
Knowledge of the Holocaust is not merely theoretical. It also educates pupils to become citizens respectful of human rights and democracy, and critical of any totalitarian ideology.

Varia

Judyta Jakubowicz et Tamerle Sonnenberg-Bereksohn par Elżbieta Wichrowska (traduit du polonais par Monika Salmon-Siama).

L’article présente deux femmes d’origine juive qui ont activement participé aux transformations de la vie sociale, économique, religieuse et culturelle sur le territoire polonais au tournant du XVIIIe siècle. La première d’entre elles, Judyta (née Levi) Jakubowicz, est une Prussienne qui s’établit en Pologne, elle était la femme de Szmul Zbytkower, marchand, banquier, conseiller du roi polonais Stanisław August – un des plus importants personnages dans le monde de la finance polonaise. Elle est representative de la Haskalah et un exemple du processus d’acculturation de cette époque. La seconde est Tamerle Sonnenberg, aïeule de Henri Bergson, et comme Judyta une femme qui a réussi dans le monde des entreprises commerciales et bancaires. Non seulement elle soutint ardemment le courant hassidique mais elle le promouvait et le protégeait. Elle représente un courant de la société juive complètement différent de celui de Judyta qui était étrangère et maskila.

The article refers to two women of Jewish origin, actively participating in social, economic, religious and cultural life transformations on Polish territory at the turn of the 18th century. First of them, Judyta (born Levi) Jakubowiczowa, Prussian woman who came to Poland, a wife of Szmul Zbytkower, merchant, banker and factor of the Polish king, Stanisław August – one of the most important persons in the world of the first Polish financial circles. Representative of the Haskalah and an example of acculturation processes of those times. Second is Tamerle Sonnenberg, grand grandmother of Henri Bergson, and similarly to Judyta a success woman, operating in the world of commercial and banking enterprises. Not only was she an eager supporter of Hasidism, but also she was its important promoter and protector. She represented a trend in Jewish society completely different from that of Judyta, a foreigner and a Maskil.