Résumés du n° 79 (printemps - été 2020)
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Dossier
La spécificité de la Zone dite « rattachée à Bruxelles » par Monique Heddebaut
Les départements du Nord et du Pas-de-Calais ont été rattachés au commandement militaire de Bruxelles dès l’invasion de mai 1940. Un ensemble de facteurs explique les conditions et l’organisation d’un sauvetage de quelque quatre-vingts juifs, unique en France, voire en Europe, en septembre 1942 : ce sont les traditions d’engagement du monde ouvrier d’une région industrielle, mais également parmi les protestants et les catholiques et ce, dès la Première Guerre. Cette région fut néanmoins la seule en France à connaître la déportation des Tsiganes.
Mots clés : Nord–Pas-de-Calais, Seconde Guerre mondiale, juifs sauvés, Tsiganes.
The Nord and Pas-de-Calais counties were under the jurisdiction of the military command of Brussels as early as the May 1940 invasion. The conditions and the organization of the saving operation of some eighty Jews, a somewhat unique move in France and Europe as well, in September 1942, depended on a certain number of factors : the working class commitment traditions of an industrial region, alongside the Protestants’ and Catholics’ account for them. That was already the case during the First World War. This region was the only one in France to witness the Tsigane people deportation.
Key words : Nord and Pas-de-Calais counties, Second World War, saving Jews, Tsigane people.
Les particularités de la zone côtière dans la persécution des Juifs dans le Nord et le Pas-de-Calais occupés (1940-1944) par Rudy Rigaut
À l’échelle de la zone littorale du Nord et du Pas-de-Calais placée en « zone rouge » durant l’année 1940, les enjeux géostratégiques et idéologiques font des Juifs, présents dans le secteur, les cibles privilégiés de mesures précoces de surveillance, d’identification et d’expulsion commanditées par l’occupant allemand, secondé par les administrations françaises locales. Après l’opération du 17 décembre 1940 au cours de laquelle une cinquantaine de Juifs sont expulsés vers un centre d’internement à Troyes, les autorités allemandes pensent y avoir régler la « question juive » dans la zone. Cependant, à partir de l’été 1942, l’occupant y achemine environ 2 600 Juifs pour les interner et les exploiter dans les camps et les chantiers de l’organisation Todt. La déportation de la majorité d’entre eux en octobre 1940 atteste de la mise en œuvre de la « Solution finale » dans la région.
Le changement d’échelle donne à voir toute la diversité et la complexité du processus de persécution des Juifs dans ces deux départements.
Mots clés : Juifs, littoral, expulsions, camps, antisémitisme.
At the scale of the coastal area of the Nord and Pas-de-Calais placed in the "red zone" during 1940, the geostrategic and ideological stakes make the Jews present in the area the prime targets of early surveillance, identification and expulsion measures ordered by the German occupier, assisted by the local French administrations. After the operation of 17 December 1940 during which fifty Jews were expelled to an internment center in Troyes, the German authorities believed that they had settled the "Jewish question" in the area. However, beginning in the summer of 1942, the occupying forces sent about 2,600 Jews to Troyes to be interned and exploited in the camps and construction sites of the Todt organization. The deportation of the majority of them in October 1940 attests to the application of the "Final Solution" in the area.
The change in scale shows the diversity and complexity of the process of persecution of the Jews in these two departments.
Key words : Jews, coastline, evictions, camps, anti-Semitism.
De Malines à Auschwitz. Déportation des Juifs et des Tsiganes du Nord de la France par Laurence Schram
Après le rattachement des départements du Nord et du Pas-de-Calais au Commandement militaire pour la Belgique et le Nord de la France, le sort des Juifs et des Tsiganes de ces régions se trouve étroitement lié. Lors de la mise en œuvre de la déportation raciale, tous convergent vers le camp de rassemblement établi dans la caserne Dossin à Malines, en Belgique.
En fonction de leur catégorie (Juifs sans aucune protection, Juifs protégés par leur nationalité, Tsiganes), le moment de leur arrestation, leurs conditions de détention à Dossin et le lieu de leur destination finale varient fortement.
Cette approche microhistorique permet de mettre en lumière les variantes des persécutions raciales en fonction d’une classification imposée par les nazis.
Mots clés : Nord–Pas-de-Calais, Juifs, Tsiganes, Dossin, Malines.
After the incorporation of the French departments of Nord and Pas-de-Calais to the Military Command for Belgium and Northern France, the fate of the Jews and Gypsies in these regions was closely linked. During the implementation of racial deportation, all converged on the assembly camp established in the Dossin barracks in Mechelen, Belgium.
Depending on their category (Jews without any protection, Jews protected by their nationality, Gypsies), the time of their arrest, the conditions of their detention at Dossin and the place of their final destination vary greatly.
This microhistorical approach highlights the variants of racial persecution according to a classification of victims imposed by the Nazis.
Key words : Nord and Pas-de-Calais counties, Jews, Gypsies, Dossin, Malines.
Alexandre Raby, un roubaisien parmi d’autres ? Schlow, 18 avril 1888-Auschwitz-Birkenau, 02 août 1943 par Jean-Baptiste Gardon
Enseigner l’histoire de la Shoah en s’appuyant sur le parcours d’Alexandre Raby, commerçant roubaisien, immigré juif né en Russie en 1888, déporté et assassiné à Birkenau en 1943 est un choix didactique. Cette démarche permet d’inscrire l’histoire de la Shoah dans le territoire des établissements scolaires, de l’ancrer dans la réalité sensible des élèves. Alexandre, Élie, Peirel, Zélig et les autres peuplent nos archives, leurs traces sont accessibles à qui les cherche car ce travail d’historien est réalisable avec et pour les élèves.
Mots clés : Didactique, histoire de la Shoah, Roubaix, archive.
A didactic choice is to teach the story of the Holocaust with emphasis on Alexander Raby’s career, a retailer (merchant) from Roubaix, a Russian Jewish immigrant, born in 1888, deported and murdered in Birkenau in 1943. This initiative allows one to introduce the Holocaust story in our school system territory and to make it an obvious and sensitive reality for students. Alexander, Elie, Peirel, Zelig and the others are numerous among our archives. Their past and history are accessible to those who search for them, since this work can easily be acomplished with and for students, for a historian.
Key words : Didactic, Story of the Holocaust, Roubaix, Archive.
Une famille du Nord et Pas-de-Calais dans la Shoah. La famille Sokolski par David Laboux
Une famille de modestes émigrés polonais juifs de Douai : Adolphe et Sosia Sokolski et leurs trois filles : Jacqueline, Arlette, Francine, furent victimes de la rafle des Juifs du Nord–Pas-de-Calais du 11 septembre 1942. Ils transitèrent par la gare de Lille-Fives puis furent dirigés vers la Caserne Dossin à Malines, camp de transit des Juifs de Belgique et du Nord–Pas-de-Calais. Déportées à Auschwitz, Sosia et ses trois filles furent gazées à leur arrivée. Adolphe, mis au travail, survécut à Auschwitz et Dachau. Libéré, il se remaria avec Thérèse, une survivante de la Shoah, et eut un enfant : Claude. À la mort de son père, en 1967, Claude découvre son secret qui lui fut caché : son ancienne famille.
Mots clés : Famille Sokolski, Douai, rafle (11 sept. 1942), Caserne Dossin, Auschwitz.
There was modest family of Polish-Jews from Douai consisting of Adolphe, Sosia and their three girls Jacqueline, Arlette and Francine. Unfortunately, they will all become victims of the raid of the Jews from the North of France, during the 11 september 1942. They will transit through Lille-Fives station and later through Caserne Dossin, Malines, a transit camp for the Jews originating from Belgium and the North of France. Arrived in Auschwitz, Sosia and the three girls are immediately gassed. Adolphe, who was put to work, survived Auschwitz and Dachau. After he got liberated, Adolphe later married Thérèse who was also a survivor. Together they got a son, named Claude. When Adolphe died in 1967, Claude found out about secret of his father : his hidden family.
Key words : Sokolski’s family, Douai, raid (11 sept. 1942), Caserne Dossin, Auschwitz.