Résumés du n° 77 (printemps - été 2019)

lundi 20 mai 2019
par  Danielle Delmaire
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Dossier

Concepts et locutions talmudiques concernant la traduction biblique. Une approche juive de la traduction dans l’Antiquité par Francine Kaufmann

La traductologie s’est intéressée aux métaphores, aux images et aux concepts employés pour évoquer la traduction. Nous exploitons ici un corpus rarement étudié dans cette perspective : le Talmud, vaste recueil d’enseignements oraux séculaires des académies rabbiniques de Judée et de Babylonie, mis par écrit entre le IIe et le Ve siècle de l’ère vulgaire. Les rabbins s’y interrogent sur les objectifs, les modalités et les limites de la traduction biblique. Notre choix de concepts, replacés dans leur contexte historique et religieux, permet de se faire une idée de l’approche traductionnelle préconisée par les autorités juives de l’Antiquité ainsi que des polémiques engagées, notamment autour de la Septante, d’Aquila et du Targoum Onkelos.

Mots-clés : Traduction juive, Septante, Aquila, Targoum Onkelos, metourguemanim, traduction intralinguale.

Translation Studies have been interested in metaphors, images, concepts, used to describe Translation. We exploit here a corpus which was rarely scrutinized from this viewpoint : the Talmud, a vast compendium of ancient oral teachings from the rabbinical academies in Judea and Babylonia, written down between the second and the fifth century of the Common Era. Rabbis have questioned the objectives, modalities and limits of biblical Translation. Our choice of concepts provides us with an idea of the translation approach recommended by the Jewish Authorities in Antiquity as well as some debates, particularly around Septuagint, Aquila and Targum Onkelos. We will raise these issues by situating them in their historical and religious context.

Key-words : Jewish Translation, Septuagint, Aquila, Targum Onkelos, meturgemanim, interlingual translation.

Fray Luis de León, traducteur des psaumes : le retour à la veritas hebraica par Marion Vidal

Au sujet des traductions bibliques de fray Luis de León, la critique a tendance à réduire son analyse en une question : le traducteur suit-il la Vulgate ou la Bible hébraïque ? La question est pourtant plus complexe : chez fray Luis, il ne s’agit pas seulement de suivre un modèle ou l’autre, mais bien de mettre en application la théorie onomastique qu’il expose dans De los nombres de Cristo.

Mots-clés : Fray Luis de León, traduction, Bible, onomastique.

Regarding Fray Luis de León’s biblical translations, critics tend to simplify their analysis to one question : does the translator follow the Vulgate or the Hebrew Bible ? However, the question is more complex : for Fray Luis, translation does not consist of following one model or the other, but of applying the onomastic theory he sets out in De los nombres de Cristo.

Key-words : fray Luis de León, translation, Bible, onomastics.

La Bible entre ses langues : de l’hébreu au yiddish par Michèle Tauber

Le yiddish, langue de fusion parlée par les Juifs d’Europe centrale et orientale pendant près de mille ans, a donné lieu, dès le XVIe siècle, à une littérature abondante et variée. Il existe ainsi un nombre impressionnant de poèmes, pièces de théâtre, romans et essais mais également de traductions des grands classiques de la littérature universelle… et bien sûr de la Bible. Celle-ci a fait l’objet de nombreuses traductions, en vers et en prose dont la plus célèbre, la Tsenerene, est présentée et illustrée dans cet article.
En fait, plutôt que d’une traduction, il s’agit d’un commentaire du Pentateuque, des cinq Rouleaux et des lectures bibliques correspondant à la péricope hebdomadaire lue le Shabbat à la synagogue, les haftoyres. Cet ouvrage composé par Yaaqov ben Yitshok Ashkenazi de Janow au XVIe siècle nous est parvenu dans l’édition de Lublin, 1622. L’auteur s’est inspiré d’une multitude de sources, à la fois des exégèses du Pentateuque, des légendes talmudiques et midrashiques, des extraits du Zohar, des commentaires médiévaux ainsi que des considérations morales ou concernant les usages.
Son titre est une citation du Cantique des Cantiques, en hébreu : Tsenah u-reenah benot Tsiyon (III,11) : « Sortez et voyez filles de Sion » et indique bien que le livre est essentiellement destiné aux femmes et aux jeunes filles. Il s’agit d’une « véritable encyclopédie populaire de la tradition et d’un guide spirituel ou moral à l’usage des non-initiés. Cette forme anthologique explique qu’il demeure le livre yiddish le plus répandu dans les communautés juives ashkénazes » (Baumgarten Jean, Introduction à la littérature yiddish ancienne, Paris, Éditions du Cerf, 1993, p. 46).

Mots-clés : Bible en yiddish, traduction du texte sacré, langue vernaculaire, Tsenerene, langue semi-sacrée.
 
As a fusion language spoken by Central and East European Jews for about a thousand years, Yiddish gave birth, as soon as in the 16th century, to an abundant and varied literature. Thus we can find quite an impressive number of poems, theatre plays and essays but also of translations of the world classical works… and of course of the Bible. The latter has been translated in many ways, in verse and in prose, and the most famous of all, the Tsenerene, will be presented and illustrated in this article.
As a matter of fact, rather than a translation, it is a commentary of the Pentateuch, of the Five Scrolls and of the biblical readings corresponding to the weekly sections read on Shabbat at the synagogue, the haftoyres. The first copy to be found of this book, composed by Yaakov ben Yitshok Ashkenazi of Janow in the 16th century, was the Lublin edition, 1622. The author drew his inspiration from a whole range of sources : Pentateuch commentaries, Talmudic and Midrashic legends, excerpts from the Zohar, mediaeval commentaries as well as moral or customs considerations. The title itself is a quote from The Song of Songs, in Hebrew : Tsenah u-reenah benot Tsiyon (3:11) : “Go forth, O ye Daughters of Zion”, and clearly shows that the book is principally intended to women and young girls. It is a “real popular encyclopaedia of the Jewish tradition and a spiritual or moral guide for uninitiated readers. In the form of an anthology, it remains the most spread Yiddish book among the Jewish Ashkenazi communities », (Baumgarten Jean, Introduction à la littérature yiddish ancienne, Paris, Éditions du Cerf, 1993, p. 46).

Key-words : Bible in Yiddish, translation of the sacred text, vernacular language, Tsenerene, half-sacred language.

La traduction comme rédemption. De Moses Mendelssohn à Buber-Rosenzweig par Dominique Bourel

Parmi les multiples traductions de la Bible des temps modernes, deux versions allemandes s’imposent par leur qualité intrinsèque et leur valeur mythique : celle de Moses Mendelssohn, au XVIIIe siècle, et celle de Martin Buber et Franz Rosenzweig, au XXe siècle.
En réalité les deux projets sont opposés : Mendelssohn (1728-29/1786) veut travailler à l’émancipation des juifs en Europe et, dans son cas précis, en Allemagne. Aussi il traduit le Pentateuque en hochdeutsch (haut allemand), mais avec des caractères hébraïques afin que les juifs puissent apprendre cette langue du pays dans lequel ils voulaient s’intégrer. La traduction commencée en 1778 parut à Berlin entre 1780 et 1783. Il n’hésita pas à utiliser les traductions chrétiennes, surtout celles de Luther et de Calvin. Outre cette double novation, Mendelssohn s’entoura de quelques collaborateurs pour mener à bien un commentaire (Be’ur), en hébreu celui-là, dans lequel étaient explicités les choix de traduction. La recherche récente a fait des progrès significatifs dans l’intelligence de cette entreprise.
Martin Buber (1878-1965) et Franz Rosenzweig (1886-1929) s’attelèrent à une traduction visant l’effet inverse : faire entendre dans l’allemand un peu de l’hébreu disparu dans la perception de la Bible par les chrétiens, médiatisée en Allemagne par Luther et Bach. À partir de 1925 jusqu’à la mort de Rosenzweig (1929), les volumes, sans commentaires, offraient une nouvelle traduction qui fut un événement, abondamment discuté, dépassant de beaucoup le public juif cultivé. Buber l’acheva seul à Jérusalem en 1961, suscitant un des plus beaux textes de Scholem qui se demandait alors qui, à cette date, pourrait lire cette traduction, et si elle n’était pas une épitaphe d’un monde disparu.

Mots-clés : Mendelssohn, Buber, Rosenzweig, émancipation des juifs, Be’ur

Among the many translations of the Bible in modern times, two German versions are important for their quality and mythical value – the translation of Moses Mendelssohn, and the translation of Martin Buber and Franz Rosenzweig. The two projects are radically differents. Moses Mendelssohn (1728-29/1786) wanted to contribute to the Emancipation of the Jews in Europe and, in his case, in Germany. Then he translated the Pentateuch in hochdeutsch, but in Hebrew letters so that his fellow Jews could learn the language of the country where they wanted to live. The translation was published in Berlin between 1780 and 1783. He did not hesitate to use, for example, the Christian translations of Luther and Calvin. Following this double innovation, he gathered around him a little group of scholars in order to write a commentary in Hebrew (Be’ur) where he explained his choices in translation. Recent research has made considerable progress in this field.
Martin Buber (1878-1965) and Franz Rosenzweig (1886-1929) wanted to achieve something else : read German, but hear Hebrew – something that had practically disappeared in the Christianized versions of Luther and Bach ! From 1925 until Rosenzweig’s death (1929), the volumes without commentary were a much mediatized cultural event, not only for the Jews with a strong cultural background. Buber published all the other volumes on his own. The last volume was released in Jerusalem in 1961 – an occasion for Gershom Scholem, in a beautiful text he wrote, to wonder who would read this German version, and whether it was an epitaph to a vanished world.

Key-words : Mendelssohn, Buber, Rosenzweig, Emancipation of the Jews, Be’ur

Traduire la Bible au XIXe siècle. Pour quoi ? Pour qui ? Les traductions de Samuel Cahen et du rabbinat par Danielle Delmaire

En France au XIXe siècle, parurent deux traductions complètes de la Bible par des juifs : celle de Samuel Cahen (1830-1850) et celle d’un groupe de rabbins réunis autour du grand rabbin Zadok Kahn (1896-1906). La première tenait compte des nouveautés induites par la science du judaïsme et s’adressait à une élite lettrée juive et non juive. La seconde était destinée à une population qui s’écartait peu à peu de la religion, son but était pastoral et éloigné de toute considération scientifique. La postérité a retenu la Bible du rabbinat.

Mots-clés : traduction de l’hébreu, science du judaïsme, judaïsme en France, rabbinat.

In 19th century France, two complete translations of the Bible by Jews were published : the one by Samuel Cahen (1830-1850) and the other by a group of rabbis gathered around the « grand rabbin » Zadoc Kahn (1896-1906). The former took into account the latest developments in the science of Judaism and was addressed to literate Jewish and non-Jewish elites. The latter, whose intention was pastoral and not scientific, was destined for people who were drifting away from religion : it is the one posterity has retained. 

Key-words : Hebrew translation, science of Judaism, Judaism in France, rabbinate. 

Edmond Fleg et André Chouraqui. Deux traducteurs-poètes de la Bible au XXe siècle par Francine Kaufmann

Au XXe siècle, la traduction juive de la Bible en France échappe au rabbinat pour devenir le fait d’écrivains-poètes qui s’attachent à mettre en valeur la beauté littéraire du texte biblique, autant que sa dimension spirituelle et religieuse. Parmi eux Edmond Fleg (Genève 1874-Paris 1964), et André Chouraqui (Aïn Temouchent 1917-Jérusalem 2007). Ils ont aussi tenté de réhébraïser le texte, de le dépoussiérer, de le déchristianiser, tout en suivant la méthode exégétique juive qui traque le sens dans la forme et souligne l’importance des mots-clés et des répétitions délibérées.

Mots-clés : Edmond Fleg, André Chouraqui, traduction juive moderne, traducteurs bibliques.

In the XXth Century, the Jewish translation of the Bible in France escapes from the Rabbinate and enters the world of writers-poets who were attached to highlighting the literary beauty of the biblical text as well as its spiritual and religious dimension. Among them were Edmond Fleg (Genève 1874-Paris 1964) and André Chouraqui (Aïn Temouchent 1917-Jérusalem 2007). They also strove to recreate the Hebrewishness of the text, to dust off and refresh it, to dechristianise it, while following the Jewish exegetical method that hunts for the meaning in the form and underlines the importance of keywords and deliberate repetitions.

Key-words : Edmond Fleg, André Chouraqui, modern Jewish Translation, Bible translators.

Henri Meschonnic : traduire le chant, traduire les Paroles par David Banon

Henri Meschonnic nous aura rendu attentif au fait qu’il importe dans la traduction de la Bible « de lire ou de faire entendre le poème sous le signe ». Ce qui nous conduit à la poétique et à une pensée du discours. Poétique qu’Everett Fox prétend prendre en considération dans sa traduction anglaise du Pentateuque en ne négligeant pas les té‘amim (le rythme). Hélas, il ne fait que répéter et adapter en anglais les trouvailles de Buber et Rosenzweig. Fox ne fait aucune mention de la traduction de Meschonnic, ni dans les notes, ni dans son Introduction. Celui-ci est victime d’une occultation totale. C’est l’objet de ma première partie.
La seconde partie discute l’idée consécutive à ce premier principe – lire le poème sous le signe – : « L’herméneutique est l’absence de la poétique » à partir du Haamek Davar/Méditation de la parole, commentaire du Pentateuque de Naftali Tsvi Yéhouda Berlin (1816-1893), lequel souligne que la Torah (au sens strict le Pentateuque) est appelée shira : poème. Selon les versets : « Et maintenant, écrivez pour vous ce poème et enseignez-le aux enfants d’Israël : mettez-le dans leur bouche afin que ce poème/hashira témoigne à l’encontre des enfants d’Israël […] Alors quand s’abattront sur lui, nombre de maux et de calamités, le présent poème témoignera en face de lui car il ne sera pas oublié de la bouche de ses descendants […] Et Moïse a écrit ce poème en ce jour et l’a enseigné aux enfants d’Israël […] Et Moïse a énoncé les paroles de ce poème aux oreilles des enfants d’Israël jusqu’à son terme » (Dt.31, 19, 21, 22 et 30).
La troisième partie analyse la traduction des trois premiers chapitres du Deutéronome : Les Paroles, laissés inachevés par la mort du poète-traducteur.

Mots-clés : Pentateuque, té‘amim, Everett Fox, Haamek Davar

Henri Meschonnic made us attentive to the fact that what is important in the translation of the Bible is “reading or making us hear the poem under the sign”. This leads us to poetics and thought on discourse. In the first part of my contribution, I take issue with the translation of the Pentateuch by Everett Fox, who presumes to take into consideration the rhythm (te‘amim) of the translated work, without a single mention (in the introduction, text or notes) of Meschonnic’s contributions in this field. Meschonnic is, thus, wholly dismissed by E. Fox.
In the second part of my contribution, I discuss the idea that is consecutive to the first principle – reading the poem under the sign – : “Hermeneutics is the absence of poetics” from the Haamek Davar/ a Meditation on the Word, a commentary on the Pentateuch by Naftali Zvi Yehuda Berlin (1816-1893), where it is stressed that the Torah (in the strict sense of the Pentateuch) is called shira : poem – according to the verses from Deuteronomy 31 : 19, 21, 22 and 30 : 19 “Now write down this song and teach it to the Israelites and have them sing it, so that it may be a witness for me against them. 20 […] 21 And when many disasters and calamities come on them, this song will testify against them, because it will not be forgotten by their descendants.” […] 22 So Moses wrote down this song that day and taught it to the Israelites. […]
The third part analyses the translation of the three first chapters of Deuteronomy by Meschonnic, who died before finishing his work.

Key-words : Pentateuch, té‘amim, Everett Fox, Haamek Davar

« L’Atelier du traduire ». Quelques remarques sur une nouvelle traduction de la Bible par Marc-Alain Ouaknin

Cet article est consacré à la présentation d’une nouvelle traduction de la Bible en français accompagnée d’une translittération, de notes et de commentaires. Pourquoi cette nouvelle traduction ? Comment ? Quels choix méthodologiques ? Quels orientations philosophiques ? Sous forme d’un récit, sont présentées ici les grandes lignes de cette recherche et les coulisses de « l’atelier du traduire » selon la belle formule d’Henri Meschonnic.
 
Mots-clés : translittération, Rashi, glossaire médiéval, noms pour Dieu

This article (paper) is devoted to the presentation of a new translation of the Bible in French accompanied by a transliteration, notes and comments. Why this new translation ? How ? What methodological choices ? What philosophical orientations ? In the form of a narrative, are presented here the outline of this research and behind the scenes of “the workshop of translating” according to the beautiful formula of Henri Meschonnic.

Key-words : transliteration, Rashi, medieval glossary, names for God

Varia

Un médiéviste français dans la première moitié du XXe siècle. Louis Halphen (1880-1950) par Roland Andréani

Originaire de l’Est de la France, la famille Halphen vit à Paris et Versailles. Officier et remarquable mathématicien, le père meurt prématurément comme trois de ses fils, dont deux tués à la guerre. Les mariages des trois filles confirment une appartenance à la bourgeoisie juive. Se distinguant d’un milieu tourné vers les sciences « exactes », l’historien à qui les ressources familiales ont permis de retarder l’engagement dans la vie professionnelle, a déjà abondamment publié lorsqu’il est nommé à l’université de Bordeaux. Sa production s’éloigne alors de l’étude minutieuse des sources des temps des premiers Capétiens et des Carolingiens, et il prend, avec son collègue Sagnac, la direction d’une collection d’histoire universelle en 20 volumes, dont il rédige seul deux des trois affectés au Moyen Âge. Retourné à Paris, il voit son travail consacré par les honneurs, mais menacé dès 1941 par l’antisémitisme, il trouve de 1941 à 1943, un refuge à l’université de Grenoble en zone non occupée par les Allemands. Les épreuves ne l’empêchent pas de produire un ouvrage majeur sur Charlemagne, mais hâtent sa fin.

Mots-clés : France, Juif, guerres, historien du Moyen Âge.

Coming from East France, Halphen family lives in Paris and Versailles. An officer and eminent mathematician, the father dies prematurely, as three of his sons, two of whom being fallen in war. Differing from surroundings which were turned to exact sciences, the historian whom family means have allowed to delay the beginning in profession, has largely published since 1901, when he is 1910 appointed to Bordeaux university. Turning his work from thorough investigation of first Capetians and Carolingian times documents, he accepts, with his colleague Sagnac, to edit a series of 20 volumes of universal history, writing alone two of the three which are assigned to the Middle Ages. Turned to Paris in 1928, he gets honors as a reward for his activities, but he is threatened by Anti-Semitism from 1940 and takes refuge from 1941 to 1943 in Grenoble university, in an area which Germans do not yet occupy, before to be bound to hide. These pains do not hinder the writing of an important book on Charlemagne but they hasten his death.

Key words : France, Jews, wars, historian of Middle Ages.